Adopted in a village of Maniema: How we began our fieldwork in the RDC
2023/12/20
Français ci-dessous.
Adopté dans un village du Maniema : Comment nous avons commencé notre travail de terrain en RDC
Ankei Yuji and Ankei Takako
In 1978, our first trip abroad was to Africa. Dr. Junichiro Itani asked Makoto Kakeya and his wife Hideko Kakeya to accompany us on a trip to the Democratic Republic of Congo, then called Zaïre, to search for a village where we could live during our anthropological and ecological fieldwork.
We walked along a road in the forest, greeted people and took a rest if we found a village. If it was going to be night, we would stay in the village. How would we make them understand that we were harmless people, how would we introduce ourselves in Swahili, and how would we thank them for the food and lodging? We had never done anything like this before, but Mr. and Mrs. Kakeya guided us carefully. As we traveled together, they told us about their grueling experience in Tanzania, where they spent five months seeking permission to conduct research, and about their daily life with the Tongwe people, who speak a Bantu language and live in the savanna along the shores of Lake Tanganyika.
During the trip, Makoto Kakeya greeted an elderly woman standing at the window of a house in a Songola village and shook her hand. We did the same, but her hand we shook had no fingers. She had leprosy. We knew that the disease is not contagious to adults, but this was a training exercise from our seniors to avoid looking surprised at anything that might happen.
Mr. Kakeya, who was walking in the lead, sat down by the forest path, wiped off his sweat, pointed to the sky, and said in Swahili, "Tuone ndege (Let's look at the birds). Takako looked up and stepped into the middle of a line of driver ants. The ants having sharp fangs immediately crawl up and bit her here and there. We were thus taught to be always on alert, paying close attention to our surroundings. This small trap set by our senior forced her into an unexpected strip tease.
It was the last day of our week-long trip to search for a village. The two young men who had helped us with our luggage ran away. It was not surprising because they had been recruited among local prisoners, but we were forced to walk about 40 kilometers along a forest trail, carrying dishes and pots on our backs. Dr. Itani wrote that his former student, Mr. Jun Takeda, who was made to walk through the arid savanna of Tanzania, became so exhausted as to throw away his camera and binoculars along the way. Compared with that, the rainforest path was cooler, and we passed this endurance test more comfortably than we had expected.
At sunset, we finally reached the other bank of Kindu, the capital of the region, where our hotel was located. The last public ferry service across the 600-meter width of the upper Congo River had already finished. The boat with an engine had run out of gasoline. A rowing canoe canoe approached and offered us a ride if we paid 100 times the price of the daytime ferry. It was a bit expensive, but we decided to pay because we wanted to drink a cold beer at the hotel.
The boat carrying the four of us paddled across the dark surface of the water to a sandbar. As we wondered if there was a waterway, the captain said something surprising: "That was the price for one. Pay four times more. If you don't like it, you can sleep here for a night. Crocodile here have huge bellies."
I got furious at these words, and I almost cried, "Aren't you afraid of karate?" The words with which Dr. Itani had bluffed off a street robbery in Dar es Salaam, the capital of Tanzania. But Mr. Kakeya gave a catcall. "How about we compromise? How about a double price?" The tension broke loose, and the atmosphere became one of normal price haggling, like when buying fish at the market. My senior colleague had taught me to smile and get through any difficult situation.
At the end of our village-hunting trip, Mr. Kakeya said, "Bantu are Bantu. They are wataratibu," as he reflected on the generous hospitality we had received from the Songola people in their villages. Wataratibu is a Swahili word, meaning people who have the virtue of treating their guests with gentle courtesy. This is one of the values shared by the Bantu, which means “humans."
Even if we are shocked by the differences in lifestyle and the various treatment we receive on our journey, we should take it as normal. This was the essence of what Dr. Itani and Mr. and Mrs. Kakeya taught us. After this, we stayed in one of the Songola villages. In the first month of our stay, we were surprised to be adopted by the village chief, which marked the beginning of our fieldwork and subsequent life as "Japanese-Africans."
Adoptée dans un village du Maniema : Comment nous avons commencé notre travail de terrain en RDC
Ankei Yuji et Ankei Takako
En 1978, notre premier voyage à l'étranger s'est déroulé en Afrique. Dr. Junichiro Itani a demandé à Makoto Kakeya et à sa femme Hideko Kakeya de nous accompagner en République démocratique du Congo, alors appelée Zaïre, à la recherche d'un village où nous pourrions vivre pendant notre travail anthropologique et écologique sur le terrain.
Nous marchions le long d'une route dans la forêt, nous saluions les gens et nous nous reposions si nous trouvions un village. S'il faisait nuit, nous restions dans le village. Comment leur faire comprendre que nous sommes des gens inoffensifs, comment nous présenter en swahili et comment les remercier pour la nourriture et le logement ? Nous n'avions jamais rien fait de tel auparavant, mais M. et Mme Kakeya nous ont guidés avec soin. Au cours du voyage, ils nous ont raconté leur expérience éprouvante en Tanzanie, où ils ont passé cinq mois à demander l'autorisation de mener des recherches, et leur vie quotidienne avec le peuple Tongwe, qui parle une langue bantoue et vit dans la savane le long des rives du lac Tanganyika.
Pendant le voyage, Makoto Kakeya a salué une femme âgée qui se tenait à la fenêtre d'une maison dans un village Songola et lui a serré la main. Nous avons fait de même, mais la main que nous avons serrée n'avait plus de doigts. Elle avait la lèpre. Nous savions que la maladie n'est pas contagieuse pour les adultes, mais il s'agissait d'un exercice d'entraînement par nos aînés afin que nous n'ayons pas l'air surpris par ce qui pourrait arriver.
M. Kakeya, qui marchait en tête, s'est assis au bord du sentier forestier, a essuyé sa sueur, a pointé le ciel et a dit en swahili : "Tuone ndege (regardons les oiseaux)". Takako a levé les yeux et s'est retrouvée au milieu d'une file de fourmis légionnaires. Les fourmis, dotées de crocs acérés, ont immédiatement rampé vers elle et l'ont mordue ici et là. Il nous a donc appris à être toujours sur le qui-vive, à faire très attention à ce qui nous entoure. Ce petit piège tendu par Mr. Kakeya contrainte à un strip-tease inattendu à Takako.
C'était le dernier jour de notre voyage d'une semaine à la recherche d'un village. Les deux jeunes hommes qui nous avaient aidés à porter nos bagages se sont enfuis. Ce n'était pas surprenant car ils avaient été recrutés parmi les prisonniers locaux, mais nous avons été obligés de marcher environ 40 kilomètres le long d'un sentier forestier, en portant des plats et des casseroles sur le dos. Le Dr Itani a écrit que son ancien étudiant, M. Jun Takeda, qui avait été contraint de marcher dans la savane aride de Tanzanie, était tellement épuisé qu'il avait jeté son appareil photo et ses jumelles en cours de route. En comparaison, le chemin de la forêt tropicale était plus frais, et nous avons passé ce test d'endurance plus confortablement que nous ne l'avions prévu.
Au coucher du soleil, nous avons finalement atteint l'autre rive de Kindu, la capitale de la région, où se trouvait notre hôtel. Le dernier service de ferry public traversant les 600 mètres de largeur du haut fleuve Congo était déjà terminé. Le bateau à moteur n'avait plus d'essence. Une pirogue à rames s'est approchée et nous a proposé de nous emmener si nous payions 100 fois le prix du ferry. C'était un peu cher, mais nous avons décidé de payer parce que nous voulions boire une bière fraîche à l'hôtel.
Le bateau qui nous transportait tous les quatre a pagayé sur la surface sombre de l'eau jusqu'à un banc de sable. Alors que nous nous demandions s'il y avait une voie navigable, le capitaine a dit quelque chose de surprenant : "C'était le prix pour une personne. Payez quatre fois plus. Si vous n'aimez pas ça, vous pouvez dormir ici pour une nuit. Ici, les crocodiles ont un ventre énorme."
Ces paroles m'ont mis en colère et j'ai failli m'écrier : "Vous n'avez pas peur du karaté ?". C'est avec ces mots que le Dr. Itani avait bluffé un voleur de rue à Dar es Salaam, la capitale de la Tanzanie. Mais M. Kakeya a dit gentiment. “Nous fourrons un compromis. Si on doublait le prix ?" La tension est retombée et l'atmosphère est devenue celle d'un marchandage normal, comme lorsqu'on achète du poisson au marché. Mon collègue aîné nous avait appris à sourire et à nous sortir de toute situation difficile.
À la fin de notre cherche de village, M. Kakeya a déclaré : "Les Bantous sont des Bantous. Ils sont wataratibu,", alors qu'il réfléchissait à la généreuse hospitalité que nous avions reçue de la part des Songola dans leurs villages. Wataratibu, est un mot swahili qui désigne les personnes qui ont la vertu de traiter leurs invités avec une douce courtoisie. C'est l'une des valeurs partagées par les Bantous, qui signifient "humains".
Même si nous sommes choqués par les différences de mode de vie et les divers traitements que nous recevons au cours de notre voyage, nous devons les considérer comme normaux. C'est en substance ce que nous ont appris le Dr Itani et M. et Mme Kakeya. Nous avons ensuite séjourné dans l'un des villages Songola. Dès le premier mois de notre séjour, nous avons eu la surprise d'être adoptés par le chef du village, ce qui a marqué le début de notre travail sur le terrain et de notre vie ultérieure en tant que "Japonais-Africains".